Un lieu de Convergence pour changer et aller mieux

«À chaque fois qu’on aide un homme, on aide ses enfants et sa conjointe ou son conjoint. C’est positif pour toute la société», soutient Marie Hudon, directrice générale adjointe de Convergence – Service d’aide aux hommes de la Gaspésie, en compagnie de Jean-Jacques Élie, intervenant et directeur général de l’organisme. C’est que depuis sa fondation, Convergence répond à cette mission: aider la population masculine de la péninsule gaspésienne. Les hommes et les adolescents de 16 ans et plus sont les bienvenus dans cet organisme où on les accueille, analyse leurs besoins et pratique le non-jugement. En 12 ans, c’est d’ailleurs près de 2 500 gars différents qui ont trouvé de l’aide auprès de l’équipe d’intervenants et d’intervenantes de Convergence. Quels sont les services offerts? Et quels trucs devrions-nous connaître pour améliorer nos relations avec nos proches? On a rencontré Jean-Jacques et Marie pour le découvrir.

Convergence, d’où ça vient?

«Le nom de l’organisme Convergence se veut l’expression d’un lieu de rencontre pour hommes, un espace de partage et d’exploration dans le but de développer des habiletés de communication et d’affirmation sans violence», peut-on lire sur le site de l’organisme. Pourquoi a-t-il été créé? Pour répondre aux besoins des hommes de la communauté, explique Jean-Jacques.

«Au départ, à sa création en 2011, Convergence s’est donné comme mandat d’intervenir en violences conjugales. Étant donné qu’on était le seul organisme spécifiquement dédié aux hommes en Gaspésie, au fil des ans, on a aussi développé d’autres services, particulièrement pour aider les hommes en difficulté. Ça peut être des hommes qui ont vécu une rupture, par exemple», explique Jean-Jacques, qui ajoute qu’une majorité de participants viennent chercher de l’aide à la suite d’une séparation.

D’autres services se sont ajoutés, entre autres: «on s’est rendu compte qu’une bonne partie de nos participants étaient des pères, d’où l’idée, qui nous est venue en 2015, d’ouvrir une Maison Oxygène pour améliorer nos services auprès des pères», poursuit le directeur général. Ouverte depuis 2021, la Maison Oxygène Haute-Gaspésie offre d’ailleurs de l’hébergement aux pères en difficulté «pour consolider le lien père-enfant, valoriser le rôle du père», explique Marie, qui est aussi directrice de cette maison.

Aider les hommes et changer la société

Convergence vient en aide aux hommes qui éprouvent des difficultés, aux pères, ainsi qu’aux conjoints ayant des comportements violents, qu’il s’agisse de violence physique, verbale, ou autre. Pourquoi est-ce important d’offrir de l’aide à ces hommes? «C’est essentiel. C’est comme ça que notre société va évoluer», répond Jean-Jacques. Pour lui, aider les hommes qui ont des comportements violents, ça fait partie de la solution pour lutter contre les violences conjugales et familiales. C’est ce que pense aussi Marie. «J’y crois profondément. Aller chercher de l’aide, ça peut changer, voir sauver des vies», explique-t-elle.

Comment l’équipe de Convergence intervient-elle auprès de ces hommes ayant des comportements violents? «On adhère totalement aux valeurs et à la vision des organismes membres du réseau à cœur d’homme qui ciblent évidemment l’arrêt des comportements violents. Nous travaillons avec le participant à déconstruire son déni, à dissoudre les justifications et à entamer le processus de sa responsabilisation. Évidemment, il a des devoirs à faire en utilisant des outils qui vont lui permettre de modifier ses attitudes et ses comportements. On l’aide à réfléchir sur ses idées reçues, souvent associées aux stéréotypes genrés peu propices à établir et maintenir des rapports égalitaires. Parce qu’il y a aussi toute la notion de respect quand on parle de rapports égalitaires. On travaille beaucoup là-dessus», explique Jean-Jacques. Chez Convergence, au croit à la capacité des personnes à changer. On fait la distinction entre les hommes et leurs comportements tout en leur faisant comprendre qu’ils sont responsables de leurs actions. On leur donne les outils pour apprendre des solutions non-violentes et changer leurs comportements afin d’établir des relations familiales saines.

Le temps d’arrêt: pour améliorer ses relations

Quel genre d’outils est proposé aux participants justement? Marie et Jean-Jacques nous parlent du Temps d’arrêt, communément appelé le Time-Out. Il est présenté aux participants pour éviter des épisodes de violences, mais il peut aussi être utile pour bien des gens qui souhaitent améliorer leurs relations avec leurs proches.

Lors de conflits, vous dites parfois des choses qui dépassent votre pensée? Vous faites parfois des gestes que vous regrettez par la suite? Vous vous sentez parfois impulsif? «Lors d’échanges houleux, vous vous sentez incompris, non entendu, frustré et en colère? Vous tournez en rond et vous êtes sur le point d’exploser? Il y a moyen de prévenir ces surtensions en jetant un coup d’œil sur votre carte émotionnelle», indique Jean-Jacques.

Comment fonctionne l’outil du Temps d’arrêt? En résumé, il faut premièrement apprendre à reconnaître ses propres signaux d’alarme qui nous disent qu’on commence à ressentir des émotions négatives, comme la colère. Il faut être attentif «à ses symptômes physiques. Parfois, ça peut être des palpitations, un serrement dans la gorge, des bouffées de chaleur, de la sueur», explique Marie. Ces signes physiques s’accompagnent de signes psychologiques. On se sent de moins en moins capable d’agir avec calme, on sent monter la frustration, on sent qu’on peut exploser. Quand on reconnaît nos signaux d’alarme, par exemple pendant une conversation avec sa conjointe ou un ami, on doit «changer d’air. Mais, avant tout, il est nécessaire de signaler notre intention», précise Jean-Jacques. Par exemple: «Écoute Marie-Julie, je ne me sens vraiment pas bien, il faut que j’arrête cette discussion-là s’il te plaît», poursuit-il.

Et ensuite? On reste à l’extérieur de la pièce ou du bâtiment pendant une heure et on fait une activité physique comme: aller marcher, courir ou faire un exercice de respiration. «Surtout, on ne prend pas un véhicule motorisé et on évite d’utiliser des outils qui pourraient nous blesser. On reste présent avec soi», indique Marie. Quand on sent que la tension diminue, on réfléchit calmement à la situation. Ensuite, on peut revenir voir la personne pour savoir si elle est d’accord de reprendre la discussion. On parle de soi au «je». On écoute attentivement le point de vue de l’autre. «On parle de notre besoin et de nos limites en évitant de les mettre en opposition avec ceux de l’autre personne. Il est intéressant aussi de voir comment chacun a interprété la situation», spécifie Jean-Jacques. Puis, on trouve une solution commune. Vous verrez, c’est impressionnant comme ce processus peut aider à désamorcer les disputes.

Il ne faut toutefois «pas utiliser le Time-Out en pleine chicane parce que ça peut facilement mettre de l’huile sur le feu!», spécifie Jean-Jacques.

Ce vidéo du réseau à cœur d’homme résume bien cet outil. Vous pouvez aussi communiquer avec Convergence pour avoir les explications plus détaillées du Time-Out.

Pour la santé et le bien-être des hommes

En conclusion, avec ses 6 points de service à Gaspé, Chandler, Caplan, Carleton-sur-Mer, Pointe-à-la-Croix et Sainte-Anne-des-Monts (siège social et Maison Oxygène Haute-Gaspésie), Convergence est là pour aider les hommes qui en ont besoin. L’organisme travaille même à étendre et adapter ses services pour mieux servir les communautés anglophones et autochtones de la région. Engagé en santé et bien-être des hommes, il offre des services confidentiels qui peuvent faire une vraie différence dans votre vie. Alors, si vous avez besoin d’aide, n’hésitez surtout pas. Demander de l’aide, c’est fort!

En savoir plus

Vivre sa vie à son meilleur quand on est agriculteur

Et si on prenait un instant pour se rendre compte des petites victoires du quotidien? Si, «au lieu de voir tout ce qu’il y a à faire, on voyait aussi ce qu’on a fait, les accomplissements qu’on a été capable de réaliser dans la journée ou dans la semaine»? C’est l’une des astuces que nous propose Audrée Bourdages, d’Au cœur des familles agricoles, pour être plus satisfait de soi-même et pour se sentir bien. Travailleuse de rang en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, Audrée nous parle de l’accompagnement qu’elle offre et partage quelques conseils pour vivre la vie à son meilleur.

Travailler dans un rang?

Au cœur des familles agricoles, ça vous dit quelque chose? «C’est un organisme provincial présent dans la plupart des régions administratives du Québec. On vient en aide aux agriculteurs, aux agricultrices et à leur famille pour favoriser leur bien-être et leur santé mentale. Nos intervenantes et intervenants sont là pour les aider à trouver un meilleur équilibre de vie à travers ce que ces gens vivent dans leur métier», explique Audrée. Travailleuse sociale de formation, Audrée a grandi sur une ferme laitière. En tant que travailleuse de rang, c’est elle qui offre les services d’Au cœur des familles agricoles dans notre région depuis l’automne 2021.

Mais qu’est-ce que ça fait, une travailleuse de rang? «Mon rôle est très large. Ça dépend vraiment des besoins de chaque personne que j’accompagne. Ce que je vise, c’est mettre la priorité sur l’humain derrière l’entreprise agricole. Parce que souvent, les agriculteurs et les agricultrices sont des gens super dévoués envers leur métier; ils vont mettre toutes leurs énergies sur leur entreprise; et ils ont tendance à s’oublier un peu. Si j’arrive à ce que la priorité soit ramenée sur eux, sur leurs besoins individuels, ça sera mission accomplie. Et ça se fait de plusieurs façons. Je peux offrir du soutien individuel; on discute des situations vécues puis on essaie de trouver des solutions ensemble. Parfois, le processus implique aussi des rencontres familiales. D’autres fois, ça peut impliquer d’orienter les gens vers d’autres ressources, par exemple: des comptables, des conseillers agricoles ou des professionnels du réseau de la santé et des services sociaux. On est un peu la porte d’entrée pour la population agricole. En plus, ce qui nous distingue, c’est notre flexibilité et notre volonté d’offrir des services adaptés. Je me rends sur les fermes. S’il y a une personne qui me reçoit et qui est en train de faire sa besogne ou qui est dans son tracteur, bien, je vais avec la personne et on discute pendant qu’elle travaille», explique Audrée.

Des conseils pour se sentir bien

Vous êtes vous-même un agriculteur? Ou encore, vous avez des proches qui travaillent dans le milieu agricole? On a demandé à Adurée de nous partager un autre de ses trucs bien-être. Elle répond qu’une des astuces qu’elle donne souvent, c’est de «ralentir le rythme quand la saison le permet». Parce qu’il arrive que les producteurs et productrices agricoles mettent les bouchées doubles dans l’espoir d’avoir «de vraies vacances, entre guillemets, comme les gens de la population en général», qui finalement, ne se réalisent pas. Alors que, «profiter des moments plus calmes pour ralentir, ça peut être un bon moyen de prendre soin de soi. Ça peut avoir autant d’effets bénéfiques que quelqu’un qui s’en va en vacances quelques jours. Ça permet aux agriculteurs et agricultrices de se préserver dans leur métier devant la grande charge de travail à accomplir au quotidien», explique-t-elle.

Mais quoi faire si, à un moment donné, ça ne va plus? «C’est sûr que les conseils de base qui s’appliquent à la population en général s’appliquent aussi aux agriculteurs. Je pense, entre autres, à l’importance d’avoir un réseau social, des gens autour de nous qui nous offrent du soutien. Quand ça ne va pas, c’est toujours aidant de pouvoir discuter avec quelqu’un en qui on a confiance. Sinon, l’autre chose qui me vient à l’esprit, c’est certainement d’appeler Au cœur des familles agricoles. C’est une bonne solution parce que ça permet d’avoir une réponse rapide. Il y a un intervenant qui est responsable de la ligne de téléphonique. Donc, même si moi, je ne suis pas disponible pour répondre au téléphone, les producteurs agricoles peuvent parler rapidement à quelqu’un. Ce service-là est accessible de 8 h à 20 h, du lundi au samedi. Parfois, juste de pouvoir ventiler, d’exprimer ce qu’on ressent, puis d’amorcer une réflexion avec quelqu’un de neutre, ça peut être aidant. Après ça, c’est sûr que si la personne veut un suivi, la demande va m’être acheminée si elle se trouve en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine», répond Audrée.

Au cœur des familles agricoles a aussi une maison «à Saint-Hyacinthe, ouverte à tous les agriculteurs et à toutes les agricultrices de la province. Pour y avoir accès, il faut préalablement avoir discuté avec la travailleuse de rang qui évalue la situation», ajoute Audrée. Séjourner dans cette maison, c’est une occasion d’avoir un répit. «Généralement, ce sont des séjours qui commencent le lundi et qui se terminent le vendredi. Il y a une intervenante sur place qui accompagne la personne en répit et qui fait des rencontres quotidiennes pour lui permettre de prendre un pas de recul et de réfléchir à certains enjeux qu’elle rencontre. Souvent, les producteurs et productrices agricoles vivent de l’épuisement ou des remises en question, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Séjourner là-bas, c’est super reposant et c’est généralement bien apprécié des gens qui en bénéficient», poursuit Audrée.

Parler du bien-être des hommes, c’est important

Au cœur des familles agricoles vient en aide autant aux clientèles féminines que masculines. Pourtant, «il y a encore énormément de tabous par rapport à la santé mentale chez les hommes», pense la travailleuse de rang, qui s’implique aussi à la Table de concertation sur les réalités masculines GÎM. Selon elle, il faut travailler à déconstruire certaines croyances (par exemple: les hommes doivent toujours s’arranger par eux-mêmes). Elle explique à quel point un appui et un accompagnement personnalisé peuvent faire une grande différence dans la vie des personnes qu’elle rencontre. «Un coup que l’étape – pas toujours facile – de la demande d’aide est franchie, qu’on a créé un lien de confiance, puis que la personne s’ouvre, ça laisse tellement de la place à de belles réussites». Audrée ajoute que «les gens sont super reconnaissants», parce qu’ils trouvent des solutions auxquelles ils n’auraient pas nécessairement pensé seuls, une aide adaptée à leurs besoins, un coup de pouce pour aller mieux.

Quoi retenir? Qu’il ne faut pas hésiter à chercher du support quand on vit des difficultés. Les services d’Au cœur des familles agricoles sont gratuits et confidentiels. Et ils peuvent faire une grande différence. Alors si vous sentez que ça ne va pas, ne restez pas seuls avec vos problèmes. Parce que demander de l’aide, c’est fort.

Pour en savoir plus ou pour contacter Au cœur des familles agricoles, visitez son site Web.

En savoir plus