Sortir de la boîte avec Hommes & Gars

Connaissez-vous Hommes & Gars? Bien ancré aux Îles-de-la-Madeleine depuis 2013, l’organisme communautaire est engagé sur plusieurs fronts pour miser sur la santé et le bien-être des hommes. On peut le dire: c’est de toute évidence un acteur de changement positif dans la communauté. De quelles façons l’organisme aide-t-il les hommes? On en discute avec Serge Richard, coordonnateur, et Pierre-Luc Richard, agent de sensibilisation et communication, chez Hommes & Gars.

Cultiver le bien-être tout le temps

«On s’est aperçu qu’il faut sortir de la boîte. Je pense qu’on se distingue d’autres organismes pour hommes au Québec. Des fois, quand j’en parle dans des regroupements auxquels fait partie Hommes & Gars, on me dit: vous êtes une méchante bibitte quand même!», explique Serge avec le sourire.

C’est parce que pour l’organisme, soutenir les hommes pour favoriser leur bien-être et les aider à prendre soin de leur santé, ça se fait de plusieurs façons diversifiées. «Hommes & Gars n’est pas juste une place où les hommes viennent quand ils ont des difficultés. La relation d’aide reste la priorité de l’organisme, mais on essaie aussi de rejoindre les hommes de façon plus large. On veut créer un milieu de vie avec notre organisme: un endroit où les hommes peuvent venir nous voir, que ça aille bien ou pas», ajoute Serge.

Les services offerts

Et justement, comment Hommes & Gars fait-il ça? Quels services offre-t-il aux hommes madelinots?

Du soutien individuel

En premier lieu, l’organisme est bien sûr un service d’aide et de soutien gratuit et confidentiel. Il offre des rencontres individuelles. Ses intervenants hautement qualifiés et spécialement formés accueillent les hommes sans jugement, dans l’écoute et l’empathie.

«C’est vraiment le premier volet. Les hommes viennent chercher de l’aide pour des problématiques de violences conjugales, autant agies que subies. Il y a aussi tout ce qui est santé et bien-être: séparation, remise en question, deuil, anxiété, gestion des émotions, paternité, relations sociales, etc.», explique Pierre-Luc.

Des activités de groupes

«Le 2e volet, c’est les activités de groupe où on va aborder différents sujets pour amener les gens à se rencontrer, puis à socialiser et en même temps développer d’autres habiletés», poursuit Pierre-Luc.

«Ouvrir des groupes, ça part d’un besoin qui vient de la base. C’est très important pour nous d’être à l’écoute de la population. Par exemple, on a des cafés-rencontres et c’est vraiment partie d’un besoin. Des hommes nous disaient: j’ai envie de partager plein de choses, mais je n’ai pas vraiment de personnes dans mon cercle d’amis avec qui je peux avoir des discussions sérieuses. C’est pour cette raison qu’on a décidé d’ouvrir des groupes», complète Serge.

Rejoindre les hommes par des activités de groupe variées, c’est donc aussi une façon d’agir en prévention. Des activités culturelles, comme des conférences ou des pièces de théâtre par exemple, permettent d’aborder des réalités masculines et de «faire passer des messages, susciter des discussions, des réflexions», explique Pierre-Luc. Il donne l’exemple de la présentation d’un spectacle d’humour de Marc Messier qui a donné l’occasion de discuter de la gestion des émotions et de l’ego.

D’autres activités, plus axées sur la santé globale, comme des cuisines collectives, permettent de faire la promotion de saines habitudes de vie. Tout ça, pour outiller les hommes et alimenter leur mieux-être.

Des ateliers de sensibilisation et d’éducation

Et il y a plus, car Hommes & Gars réalise bien d’autres actions. «Le 3e volet, c’est davantage au niveau de la sensibilisation et de l’éducation populaire. On essaie d’être présent le plus possible et de créer des liens avec d’autres organismes du milieu», indique Pierre-Luc.

«On fait des ateliers dans les écoles, particulièrement au niveau des relations amoureuses saines et égalitaires. Les ateliers peuvent se donner dans certains cas dans les organisations. On a un atelier, par exemple, sur le harcèlement sexuel en milieu de travail. Ces ateliers-là se donnent en collaboration avec d’autres organismes du milieu. On a aussi un atelier sur: comment on peut inciter les hommes à demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin», poursuit-il.

Serge nous parle aussi d’un projet en partenariat avec le Secrétariat à la condition féminine, qui vient d’être officialisé. «On veut faire des ateliers sur le harcèlement sexuel en milieu sportif chez les jeunes. On entend beaucoup parler, par exemple, de ce qui se passe à Hockey Canada. On veut prendre les joueurs dès leur jeune âge pour les sensibiliser, parler du harcèlement, du harcèlement sexuel, du consentement. On va monter des ateliers, autant pour sensibiliser les jeunes que les parents et les entraîneurs», annonce-t-il. Un autre exemple qui démontre bien l’engagement de l’organisme à faire la promotion de comportements sains et positifs auprès des gars.

Et ce n’est pas tout. En effet, les activités de sensibilisation de l’organisme passent aussi par les communications. «On essaie de faire connaître nos services et on parle de la santé et du bien-être. On a des capsules à la radio, on a la page Facebook», énumère entre autres Pierre-Luc.

Des astuces pour prendre soin de soi

Avec tous ces services offerts, on voit bien à quel point Hommes & Gars travaille à favoriser le mieux-être des hommes. On a donc demandé à Serge et Pierre-Luc s’ils avaient quelques trucs simples et facilement accessibles à nous partager. «Sur notre site, on a des outils d’autoévaluation sur nos relations amoureuses, qui aide à évaluer par exemple: est-ce que j’ai un comportement colérique? Est-ce que j’ai un comportement jaloux? On fait ça par soi-même, puis ça nous aide à remettre les choses en perspective. Parfois, quand on vit des épisodes plus difficiles, c’est bon de s’arrêter, de faire ce portrait-là puis de prendre le temps de voir les ressources qui s’offrent à nous», explique Pierre-Luc.

Hommes & Gars propose aussi une variété d’outils et de trucs pour miser sur notre santé et notre bien-être dans son infolettre, une autre de ses actions de sensibilisation. «Il y a beaucoup d’astuces, beaucoup d’informations. On va chercher des partenaires pour aller chercher des trucs diversifiés. Par exemple, on s’est associé avec un médecin de famille qui nous donne des textes pour informer et sensibiliser les gens sur l’importance de prendre soin de leur santé physique. On collabore aussi avec le Centre de justice de proximité de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine sur toute sorte de sujets qui peuvent être des sources de stress: le droit des pères, les mandats en cas d’inaptitudes, le droit du logement, etc.», ajoute l’agent de sensibilisation et communication.

Ça vous intéresse? Serge et Pierre-Luc vous invitent à devenir membre d’Hommes & Gars, tout à fait gratuitement en remplissant ce formulaire. En devenant membre, vous recevrez cette infolettre, en plus de recevoir des invitations aux activités de l’organisme.

Cogner à la porte d’Hommes & Gars

«Notre santé, notre bien-être: ce n’est pas juste d’en prendre soin quand ça ne va pas bien. Il faut les cultiver, avoir des outils au cas où ça n’irait pas bien, savoir c’est quoi les ressources. On veut que les gens aient des outils pour agir en prévention. On veut que les hommes sachent que le jour où ils auront des difficultés et où ils auront besoin d’aide, ils se sentent à l’aise de venir nous voir», résume Pierre-Luc, en revenant sur la diversité des actions que fait Hommes & Gars en complément à son service d’aide et de soutien.

Et l’aide, elle est là. Même si c’est encore difficile pour plusieurs hommes de demander de l’aide, davantage d’hommes osent le faire. «On en parle de plus en plus, mais je pense qu’il faut continuer d’en parler de plus en plus. Les hommes sont capables de changer», ajoute Serge.

 

Pour en savoir plus sur Hommes & Gars, consultez son site Web.

 

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Un lieu de Convergence pour changer et aller mieux

«À chaque fois qu’on aide un homme, on aide ses enfants et sa conjointe ou son conjoint. C’est positif pour toute la société», soutient Marie Hudon, directrice générale adjointe de Convergence – Service d’aide aux hommes de la Gaspésie, en compagnie de Jean-Jacques Élie, intervenant et directeur général de l’organisme. C’est que depuis sa fondation, Convergence répond à cette mission: aider la population masculine de la péninsule gaspésienne. Les hommes et les adolescents de 16 ans et plus sont les bienvenus dans cet organisme où on les accueille, analyse leurs besoins et pratique le non-jugement. En 12 ans, c’est d’ailleurs près de 2 500 gars différents qui ont trouvé de l’aide auprès de l’équipe d’intervenants et d’intervenantes de Convergence. Quels sont les services offerts? Et quels trucs devrions-nous connaître pour améliorer nos relations avec nos proches? On a rencontré Jean-Jacques et Marie pour le découvrir.

Convergence, d’où ça vient?

«Le nom de l’organisme Convergence se veut l’expression d’un lieu de rencontre pour hommes, un espace de partage et d’exploration dans le but de développer des habiletés de communication et d’affirmation sans violence», peut-on lire sur le site de l’organisme. Pourquoi a-t-il été créé? Pour répondre aux besoins des hommes de la communauté, explique Jean-Jacques.

«Au départ, à sa création en 2011, Convergence s’est donné comme mandat d’intervenir en violences conjugales. Étant donné qu’on était le seul organisme spécifiquement dédié aux hommes en Gaspésie, au fil des ans, on a aussi développé d’autres services, particulièrement pour aider les hommes en difficulté. Ça peut être des hommes qui ont vécu une rupture, par exemple», explique Jean-Jacques, qui ajoute qu’une majorité de participants viennent chercher de l’aide à la suite d’une séparation.

D’autres services se sont ajoutés, entre autres: «on s’est rendu compte qu’une bonne partie de nos participants étaient des pères, d’où l’idée, qui nous est venue en 2015, d’ouvrir une Maison Oxygène pour améliorer nos services auprès des pères», poursuit le directeur général. Ouverte depuis 2021, la Maison Oxygène Haute-Gaspésie offre d’ailleurs de l’hébergement aux pères en difficulté «pour consolider le lien père-enfant, valoriser le rôle du père», explique Marie, qui est aussi directrice de cette maison.

Aider les hommes et changer la société

Convergence vient en aide aux hommes qui éprouvent des difficultés, aux pères, ainsi qu’aux conjoints ayant des comportements violents, qu’il s’agisse de violence physique, verbale, ou autre. Pourquoi est-ce important d’offrir de l’aide à ces hommes? «C’est essentiel. C’est comme ça que notre société va évoluer», répond Jean-Jacques. Pour lui, aider les hommes qui ont des comportements violents, ça fait partie de la solution pour lutter contre les violences conjugales et familiales. C’est ce que pense aussi Marie. «J’y crois profondément. Aller chercher de l’aide, ça peut changer, voir sauver des vies», explique-t-elle.

Comment l’équipe de Convergence intervient-elle auprès de ces hommes ayant des comportements violents? «On adhère totalement aux valeurs et à la vision des organismes membres du réseau à cœur d’homme qui ciblent évidemment l’arrêt des comportements violents. Nous travaillons avec le participant à déconstruire son déni, à dissoudre les justifications et à entamer le processus de sa responsabilisation. Évidemment, il a des devoirs à faire en utilisant des outils qui vont lui permettre de modifier ses attitudes et ses comportements. On l’aide à réfléchir sur ses idées reçues, souvent associées aux stéréotypes genrés peu propices à établir et maintenir des rapports égalitaires. Parce qu’il y a aussi toute la notion de respect quand on parle de rapports égalitaires. On travaille beaucoup là-dessus», explique Jean-Jacques. Chez Convergence, au croit à la capacité des personnes à changer. On fait la distinction entre les hommes et leurs comportements tout en leur faisant comprendre qu’ils sont responsables de leurs actions. On leur donne les outils pour apprendre des solutions non-violentes et changer leurs comportements afin d’établir des relations familiales saines.

Le temps d’arrêt: pour améliorer ses relations

Quel genre d’outils est proposé aux participants justement? Marie et Jean-Jacques nous parlent du Temps d’arrêt, communément appelé le Time-Out. Il est présenté aux participants pour éviter des épisodes de violences, mais il peut aussi être utile pour bien des gens qui souhaitent améliorer leurs relations avec leurs proches.

Lors de conflits, vous dites parfois des choses qui dépassent votre pensée? Vous faites parfois des gestes que vous regrettez par la suite? Vous vous sentez parfois impulsif? «Lors d’échanges houleux, vous vous sentez incompris, non entendu, frustré et en colère? Vous tournez en rond et vous êtes sur le point d’exploser? Il y a moyen de prévenir ces surtensions en jetant un coup d’œil sur votre carte émotionnelle», indique Jean-Jacques.

Comment fonctionne l’outil du Temps d’arrêt? En résumé, il faut premièrement apprendre à reconnaître ses propres signaux d’alarme qui nous disent qu’on commence à ressentir des émotions négatives, comme la colère. Il faut être attentif «à ses symptômes physiques. Parfois, ça peut être des palpitations, un serrement dans la gorge, des bouffées de chaleur, de la sueur», explique Marie. Ces signes physiques s’accompagnent de signes psychologiques. On se sent de moins en moins capable d’agir avec calme, on sent monter la frustration, on sent qu’on peut exploser. Quand on reconnaît nos signaux d’alarme, par exemple pendant une conversation avec sa conjointe ou un ami, on doit «changer d’air. Mais, avant tout, il est nécessaire de signaler notre intention», précise Jean-Jacques. Par exemple: «Écoute Marie-Julie, je ne me sens vraiment pas bien, il faut que j’arrête cette discussion-là s’il te plaît», poursuit-il.

Et ensuite? On reste à l’extérieur de la pièce ou du bâtiment pendant une heure et on fait une activité physique comme: aller marcher, courir ou faire un exercice de respiration. «Surtout, on ne prend pas un véhicule motorisé et on évite d’utiliser des outils qui pourraient nous blesser. On reste présent avec soi», indique Marie. Quand on sent que la tension diminue, on réfléchit calmement à la situation. Ensuite, on peut revenir voir la personne pour savoir si elle est d’accord de reprendre la discussion. On parle de soi au «je». On écoute attentivement le point de vue de l’autre. «On parle de notre besoin et de nos limites en évitant de les mettre en opposition avec ceux de l’autre personne. Il est intéressant aussi de voir comment chacun a interprété la situation», spécifie Jean-Jacques. Puis, on trouve une solution commune. Vous verrez, c’est impressionnant comme ce processus peut aider à désamorcer les disputes.

Il ne faut toutefois «pas utiliser le Time-Out en pleine chicane parce que ça peut facilement mettre de l’huile sur le feu!», spécifie Jean-Jacques.

Ce vidéo du réseau à cœur d’homme résume bien cet outil. Vous pouvez aussi communiquer avec Convergence pour avoir les explications plus détaillées du Time-Out.

Pour la santé et le bien-être des hommes

En conclusion, avec ses 6 points de service à Gaspé, Chandler, Caplan, Carleton-sur-Mer, Pointe-à-la-Croix et Sainte-Anne-des-Monts (siège social et Maison Oxygène Haute-Gaspésie), Convergence est là pour aider les hommes qui en ont besoin. L’organisme travaille même à étendre et adapter ses services pour mieux servir les communautés anglophones et autochtones de la région. Engagé en santé et bien-être des hommes, il offre des services confidentiels qui peuvent faire une vraie différence dans votre vie. Alors, si vous avez besoin d’aide, n’hésitez surtout pas. Demander de l’aide, c’est fort!

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